Accueil
Instrument
Répertoire
Bassistes
Orchestres
Partitions
Liens
Bibliographie
Humour
Articles

Valid HTML 4.01 Transitional

Valid CSS!

15ème Rencontres Internationales de la Contrebasse


Ron CarterDéjà quinze ans que Christian Nogaro, luthier de contrebasses à Saubrigues (40), concocte chaque année un festival où la musique classique croise le jazz et quelques autres musiques moins identifiables, toujours pour le meilleur. Point d'orgue de stages désormais incontourna- bles, tant la qualité des enseignants est irréprochable, le Festival des rencontres est une des rares manifestations jazz de l'été en Aquitaine à avoir su associer réellement loisir et exigence artistique.
Au fil des années, les stars de la contrebasse classique se sont fait connaître. Qui n'attend aujourd'hui la prestation de Wolfgang Guttler avec impatience ? Ce diable d'homme, monumental, puissant, énergique, n'a pas son pareil pour réveiller les basses qui grondent dans tel ou tel quintette de Schubert, ou les voix qui chantent dans telle ou telle pièce de Mozart. Cette année, on l'entendra dès le samedi soir dans le fameux concerto de Ditters von Dittersdorf, autre figure imposée du répertoire...

Quinzième anniversaire oblige, Christian Nogaro a voulu convoquer pour une fois un orchestre symphonique au grand complet, et lui faire jouer des oeuvres très connues, certes, mais qu'on entendra avec plaisir dans le contexte... C'est donc, avec à sa tête Marc Tardue, l'orchestre symphonique Pablo Saraste de Pampelune qui s'y collera. Beethoven sera au programme, la cinquième avec son troisième mouvement très contrebasse, et la septième dite Apothéose de la danse.

En vedette. Présent pour la première fois à Capbreton, le contrebassiste de jazz Ron Carter sera en vedette lundi soir, avec Richard Galliano (accordéon), André Ceccarelli (batterie) et un invité surprise qui pourrait être de Bayonne et jouer, entre autres, du bandonéon. Nul autre que lui ne peut mieux illustrer le rapport parfois tendu, malgré les apparences, entre les contrebassistes classiques et les autres. Cela dit, souscrirait-il encore à ce qu'il disait à François Lacharine, dans un entretien publié en 1990 ? « Les musiciens classiques n'ont ja- mais reconnu sérieusement leurs homologues du jazz. Ils se mé- prennent sur la difficulté de notre musique, (...) pire, ils ignorent délibérément les contributions matérielles que nous avons apportées à la contrebasse. »
A Capbreton, Ron Carter pourra constater l'effet produit par les rencontres en quinze années d'échanges et de partage. Car si les jazzmen ont parfois quelques difficultés de justesse dans leurs solos à l'archet - du moins c'est ce que l'auditeur ressent -, leur sens de la mise en place, leur sens harmonique, leur capacité d'improvisation font merveille, et bien des solistes d'orchestre leur envient cette liberté.
Anniversaire de qualité. Ron Carter est un très bon exemple de cette liberté, dont il dit qu'il l'a trouvée bien davantage au sein du deuxième quintet de Miles Davis (avec Herbie Hancock, Wayne Shorter et Tony Williams) que lors de ses expériences des années 50 en compagnie de Mal Waldron, Eric Dolphy ou... Chico Hamilton ! Sorti de l'expérience MileS, il a poursuivi une carrière brillante, d'abord adoubé par Creed Taylor qui l'a utilisé dans la plupart des disques CM dans les années 70, puis dans des projets divers qui l'ont conduit du solo à la musique de film. Capable d'adapter les suites de Bach pour violoncelle solo en les jouant à la contrebasse piccolo (encore une invention des jazzmen), il vient tout juste de participer à une séance où il accompagne Michel Legrand, en compagnie de Kenny Werner (piano) et d'André Ceccarelli, autour des chansons écrites par l'auteur des « Moulins de mon caeur » pour Claude Nougaro.
Ce quinzième festival donnera encore à entendre le violon lyrique de Didier Lockwood, avec Eddie Gomez, le batteur Billy Cobham et Jean-Marie Ecay (guitare), mais aussi Daniel Humair en compagnie d'une sorte de Baby Boom sans les souffleurs habituels mais avec Tony Malaby (saxophone ténor), et puis le grand Renaud Garcia-Fons, qui illustre à sa façon toute la problématique de la contrebasse classique/jazz/musiques du monde, un virtuose phénoménal, en duo avec Jean-Louis Matinier. Un anniversaire copieux et de qualité.

par Philippe Méziat - Dimanche 14 août


web design par