La contrebasse - double bass
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Edouard NANNY

Edouard Nanny

Edouard NANNY est né à Saint-Germain-en-Laye en 1872. Elève du conservatoire de Paris, où lui-même enseignera entre 1920 et 1940, il reçoit un premier prix de contrebasse en 1892. Tout en menant une carrière de contrebassiste soliste, il exerce au sein des plus grands orchestres, tels ceux des concerts Lamoureux et de l'Opéra-Comique. Jouant d'une contrebasse à trois cordes, il fonde en 1901 avec Henri Casadeus la Société de concerts des Instruments anciens, placée sous la présidence de Camille Saint-Saëns et destinée à faire revivre les oeuvres des siècles passés. La Société fera plusieurs tournées internationales.
Auteur d'oeuvres pour contrebasse, on lui doit aussi des Etudes d'après des oeuvres de Bach et de Beethoven.
Mais également un Enseignement complet de la contrebasse à quatre et cinq cordes en deux parties (éd. Leduc, Paris), ouvrage incontournable et fondamental pour la connaissance de l'instrument : son exceptionnelle valeur pédagogique lui vaut encore aujourd'hui de servir de véritable référence en matière d'enseignement de la contrebasse. Edouard Nanny est mort à Paris en 1943.

Etat civil

Edouard Nanny est né le 24 mars 1872 à 16 heures 30.
Lieu de naissance : Saint-Germain en Laye, 28 rue de Pologne.
Il est décédé à Paris, le 12 octobre 1942 (à l'âge de 70 ans).


Parents
Jacques Nanny, imprimeur sur étoffes, 55 ans
Adeline Aglaée Pasdeloup, modiste, 40 ans


Signes particuliers
Taille : 1 m 66
Cheveux et sourcils châtain, yeux marrons, front découvert, nez moyen, menton rond, visage ovale


Nationalité
Né suisse par son père, qui était originaire du canton d'Appenzel
Naturalisé français en février 1891


Epouses
Louise Isabelle Lavagne, mariée en avril 1907
Véra Mousséo (Mousiou ?), mariée en juillet 1924
A la fin de sa vie, il vivait avec Marthe Legris


Décorations
Nommé Officier de l'Intruction publique, le 10 février 1923
Nommé Chevalier de la Légion d'honneur, le 28 janvier 1939

Le cornet à pistons

Edouard Nanny a d'abord étudié le cornet à pistons, à Saint-Germain en Laye. Son professeur, M. Carlos Allard, était le chef de l'Harmonie du Commerce. C'est au sein de cet ensemble que l'on voit apparaître le jeune Nanny, soliste de piston, à l'âge de 13 ans.

Concert
Concert de l'Harmonie du Commerce
Saint-Germain en Laye, kiosque de la Société, sur le Parterre du Château
Samedi 18 juillet 1885, à 8 heures 30 du soir

Au programme
- Ryeinbaulm, Le Dégourdi
- Juppé, Ouverture de cavalerie légère
- Reynaud, Ah ! vous dirai-je Maman, air varié pour piston, exécuté par le jeune Nanny
- Lecoq, Fantaisie sur le coeur et la main
- Mélan, Les Grelots, polka pour piston, exécutée par le jeune Nanny
- Juppé, Marche de l'opéra Boccacio

Premier prix de Conservatoire

Après avoir obtenu un 2ème accessit l'année précédente, Edouard Nanny obtient en 1892 le premier prix de contrebasse du Conservatoire national supérieur de Paris. Son professeur était M. Verrimst.

Résultats de 1892 - Contrebasse
1er prix. - M. Nanny
2ème prix. - M. Tourmente
1er accessit. - M. Rousseau
2ème accessit. - M. Fouache

Le concours vu par la presse

Les points de vue divergent, mais personne ne conteste l'attribution du premier prix de 1892.

Conservatoire National de Musique et de Déclamation
Contrebasse - Violoncelle

La session des concours publics s'est ouverte hier par une heureuse journée. La classe de Contrebasse, qui s'était montrée faible l'an dernier, s'est complètement relevée : elle a fait entendre hier des jeunes gens qui ont un solide archet, du rythme, de l'assurance. Ce sont les qualités principales qu'on doit exiger d'un bon contrebassiste : nous avons toujours dit que le plus ou moins de brillant de la virtuosité ne venait qu'après. C'est aussi, croyons-nous, l'avis de l'excellent professeur Verrimst. La classe présentait sept concurrents ; leur morceau de concours était le 10ème concertino de Labro, pièce qui, à moins qu'elle n'ait jamais été jeune, a considérablement vieilli. M. Nanny, qui n'avait obtenu, l'an dernier, qu'un deuxième accessit, a enlevé d'emblée le premier prix. On peut regretter qu'il n'ait pas un peu plus de son, mais son exécution est très nette et très soignée. C'est un artiste M. Tourmente, qui concourait pour la première fois, a du son et de l'autorité : il s'est vu adjuger le second prix. M. Rousseau, premier accessit, a un très bon archet, mais sa justesse est souvent douteuse. M. Fouache est un tout jeune homme que l'on a cru devoir encourager par un deuxième accessit ; il a convenablement exécuté le morceau, mais s'est montré faible lecteur. Les trois autres élèves, anciens de la classe et ayant obtenu des accessits dans les concours précédents, sont restés inférieurs à leurs camarades.

Le Figaro

Concours du Conservatoire

Sept concurrents se sont escrimés hier avec grâce sur la contrebasse, à la façon de don Belflor, toréador ; et ç'a été le signal de l'ouverture des concours publics de 1892. Sept concurrents, dont quatre ont été récompensés ; ce qui prouve l'excellence de l'enseignement du professeur Verrimst. A dire le vrai, un seul contrebassier s'est distingué, mais il est remarquable : c'est M. Nanny, qui du 2ème accessit obtenu en 1891 saute d'emblée au 1er prix. Ce jeune homme a fait preuve de qualités supérieures, trouvant le moyen de chanter sur ce monumental instrument comme sur un violoncelle. Un deuxième prix, à l'unanimité, est adjugé à M. Tourmente ; décision véridique quoique invraisemblable ; mais n'oublions jamais que le jury a des raisons que la raison ne comprend pas... toujours. Un premier accessit à M. Rousseau, et un deuxième à M. Fouache. Tel est le verdict rendu par M. Théodore Dubois, président, assisté de MM. Garcin, de Bailly, Holmann, Loëb, Casella, Tubeuf et Lebouc.

Le Petit Journal

Concours du Conservatoire
Contrebasse et violoncelle

[...] Dame contrebasse n'étant pas dotée de bien séduisants atours, c'est devant une salle presque vide qu'elle a modulé ses plus gracieux ronflements dans l'andante et l'allegro du dixième concertino en sol majeur de Labro, ancien professeur du Conservatoire. Le morceau est banal, mais on le sent écrit par un musicien qui connaît à fond l'instrument.
Voici les résultats du concours :
1er prix : M. Nanny. Un sujet, du goût, du style ; bon musicien. Un des rares élèves qui ont exécuté avec justesse l'intervalle de sixte et de tierce dans lequel tous ont barboté. [...]

Concours du Conservatoire
Contrebasse

M. Nanny qui a obtenu le premier prix, est un artiste consommé. Son jeu est pur, et les sons qu'il tire de l'instrument ingrat qui s'appelle contrebasse, d'une justesse et d'un charme surprenants. M. Nanny fait honneur à M. Verrimst.

La Marseillaise

Les premiers concerts en soliste

Après son premier prix de Conservatoire, Edouard Nanny est engagé rapidement dans les orchestres parisiens : d'abord aux concerts Lamoureux, pendant 6 ans, puis à la Société des Concerts du Conservatoire, à partir de 1897 ou 1898. Enfin, il devient contrebassiste à l'Opéra comique en 1900. Parallèlement, il commence modestement, mais sûrement une carrière de contrebassiste soliste.

1893 - Beauvais
Très intéressant, cet article de 1993 résume les débuts du jeune contrebassiste.

M. Nanny, contrebassiste, 1er prix du Conservatoire : presque un enfant, 19 ans, un peu beauvaisien par sa famille. A 14 ans, obtenait le 1er prix de cornet à pistons, lâchait le cuivreux instrument sur les produits duquel il faisait peu de fond, piochait aussitôt avec passion cette machine apocalyptique que l'opinion populaire classe généralement parmi les meubles meublants, et stupéfiait au concours de 1892 les membres du jury qui lui décernaient à l'unanimité le premier prix, en le comblant de félicitations. Aujourd'hui, paraît-il, gagne beaucoup d'argent. Merveilleux instrumentiste, il tire de sa viole monstrueuse des effets stupéfiants de douceur et de charme. Son succès a été prestigieux ; ce jeune homme a été bissé, acclamé, rappelé, choyé comme une prima dona, lui et sa contrebasse, - et ce n'a été que justice.

1895 - Clermont
En 1895, après son service militaire, effectué en 1894, Edouard Nanny apparaît lors d'un concert de la Symphonie clermontoise.

M. Nanny, contrebassiste des concerts Lamoureux, 1er prix du Conservatoire, est un artiste d'une grande valeur, qui a tenu toute la salle sous le charme, par son exécution de Mélodie et Rondeau et Divertissement, deux morceaux exécutés sur la contrebasse, instrument qu'il est rare d'entendre produire des sons aussi purs et aussi délicats.

1999 - Dieppe
Deux concerts semblent avoir eu lieu à Dieppe réunissant en duo Edouard Nanny et le violoniste Jacques Thibaud. Ce duo préfigure les duos qu'ils jouera avec Henri Casadesus.

Premier concert :

Au Casino

La salle était bien garnie hier soir : elle l'était plus même qu'à pareille date en beaucoup d'années. Les débuts de deux solistes remarquables ont fait de la soirée de concert une audition artistique de premier ordre. M. Jacques Thibaud a soulevé une première ovation après son solo dans la sélection sur la Reine de Chypre. Dans la seconde partie, c'est le Rondo capricioso de Camille Saint-Saëns, qu'il a exécuté avec une délicatesse remarquable. Le public l'a, d'enthousiasme, rappelé deux fois. Si nous avons en M. Larruël, un soliste du genre un peu extraordinaire, M. Bourdeau a trouvé avec M. Nanny, le moyen de faire servir également, à de très belles auditions, un des instruments les plus ingrats d'un orchestre : c'est la contrebasse si souvent délaissée, nous allions dire dédaignée. M. Bourdeau et M. Nanny nous ont, hier soir, prouvé une fois de plus que le talent triomphe de tout, car M. Nanny joue de la contrebasse avec le même effet que s'il tenait un violoncelle dans les doigts. La phrase est harmonieuse, l'instrument chante, les sons s'enchaînent admirablement, comme dans la Rêverie de Schumann, par exemple. Quant au Rondo burlesque de Bottesini, qui exige une grande virtuosité, il a été joué avec un sentiment qui laisse autant d'étonnement que d'admiration. C'est une véritable révélation que nous devons à M. Nanny. L'orchestre a été très goûté dans les deux ouvertures et dans le Dernier sommeil de la Vierge de Massenet, où chantent délicieusement tous les intruments à cordes.

Ed. D.

Deuxième concert :

Avec le concours de Mlle R. D'Agenville, MM. Théry, J. Thibaud, A. Hekking et E. Nanny
- A. Thomas, Le Carnaval de Venise (ouverture)
- Gounod, Judex from Mors et Vita
- Bottesini, Duo Concertant, pour violon et contrebasse (Jacques Thibaud et Edouard Nanny)
- P. Delmet, Vous êtes si jolie
- Meyerbeer, Grand air du Prophète...

La salle a littéralement failli croûler sous les bravos après le Duo Concertant pour violon et contrebasse. M. Nanny a été étourdissant de virtuosité. Il joue de la contrebasse avec autant de grâce que s'il avait une mandoline entre les mains. Il en tire des sons qui ne seraient pas indignes du violoncelle de M. Hekking. C'est tout dire.

15 novembre 1899 - Douai
Dans ce concert de Douai, on voit apparaître le répertoire qu'Edouard Nanny reprendra à maintes reprises, notamment dans les concerts de la Société de concerts des Intruments anciens.

Pour en terminer avec les instrumentistes, disons tout de suite le grand effet produit dans tous ses morceaux par M. Edouard Nanny, contrebassiste des concerts du Conservatoire de Paris, dont les sons ne laissent rien à désirer comme pureté et ont parfois la douceur du violoncelle.
C'est un véritable artiste qui nous a été présenté là, et il a réuni tous les suffrages aussi bien dans la Rêverie, de Schumann, et la Tarentelle, de Bottesini, que dans Concertotrüch de Franz Simanld.

8 février 1900 - Beauvais
Edouard Nanny reste fidèle à ceux qui ont applaudi ses premiers succès. Son répertoire est désormais constitué et ce concert de 1900 préfigure les futurs concerts de la Belle Epoque

Nous noterons à part un autre triomphateur de la soirée, M. Nanny, le contrebassiste de l'Opéra (comique). C'est un tout jeune homme à la mine éveillée et spirituelle, à peine plus grand que son énorme instrument.
Et de cette "armoire à cordes", réputée et connue comme des moins harmonieux des intruments, classée dans la catégorie des soutiens utiles, mais peu agréables, ressource indispensable de l'accompagnement, il a su en faire un instrument chanteur aux sonorités d'une douceur attrayante.
Sur ce mastodonte d'orchestre, il joue du violon, de l'alto, du violoncelle : l'effet est réellement prodigieux et tout à fait séduisant à l'oreille. Une Rêverie de Schumann, la Tarentelle de Bottesini, le Nocturne de Chopin, le Larghetto d'Alard, la Mazurka de Wienawski ont été rendus avec une maestria inattendue par ces grosses cordes se faisant aimables et douces sous un archet délicatement conduit par une main experte, rompue à des difficultés que beaucoup n'oseraient braver.

Sources : http://perso.wanadoo.fr/paris.plus/framnanny.htm